Chers amis, chers camarades de la 84° Section des Médaillés Militaires LONGWY/LUXEMBOURG.
         J'ai lu, avec attention, la lettre de Mr. Jean-Paul Martin, Président Général. Pour employer une image "triviale", je suis "sur le derrière" en constatant que la lettre au Ministre a été adressée AU NOM DES MEDAILLES MILITAIRES, qu'il représente. Je ne me souviens pas, pourtant, avoir été consulté à ce sujet, en tant que Président de la 84° section, et n'ai pas souvenir qu'un Président d'une autre section ait été consulté. Les faits sont suffisamment importants pour que les Médaillés Militaires aient été consultés sur ce sujet avant de se prononcer en leur nom. Je sais que quelques Présidents ont réagi, en adressant leurs ressentiments au sujet de la commémoration de la bataille de Verdun. Mais ils ne représentent pas TOUS les médaillés militaires. Il n'est pas, dans mon propos, de me prononcer ici, auprès de vous, sur mon sentiment vis à vis du déroulement de cette commémoration, mais de dénoncer une prise de position faite sans consultation préalable, qui ne représente pas le sentiment unanime des sections. Chacun peut avoir son avis, son sentiment au sujet du déroulement de cette manifestation. Chacun a droit d'avoir sa sensibilité sur ce sujet, sa perception légitime au vu des images que nous avons pu voir dans la presse ou sur place. Certains se sont réjouis de voir notre jeunesse rassemblée dans ce moment de paix et cet hommage rendu aux anciens, d'autres ont été attristés de voir ces jeunes courir entre les tombes, d'autres ont été scandalisés, y voyant une profanation. A chacun son regard : il ne m'appartient pas de juger au nom des autres, et de faire part de mon ressentiment personnel au nom de camarades que je n'aurais pas consulté.  C'est pourquoi je n'apporterai pas mon soutien à cette lettre adressée au Ministre, alors même que nous n'en avons pas été informés auparavant. Je ne cherche pas à me démarquer de telle ou telle position, et ENCORE MOINS à politiser le sujet, mais à légitimer notre présence au sein de la Société et faire respecter nos comités de sections.
Ma démarche, ici présente, n'engage que moi, en tant que Président de notre section, et ne saurait parler au nom de tous.
Jean-Claude BERTRAND
Président 84 SLMM
===============================================
REFERENCE ET TENEUR E LA LETTRE OUVERTE :

Monsieur le ministre,

Je viens par ce courrier me faire l’interprète des médaillés militaires de la « société », que j’ai l’honneur de présider, au sujet des manifestations de la commémoration du centième anniversaire de la bataille de Verdun, le dimanche 29 mai 2016.

J’aurais préféré vous faire part d’un conventionnel et très protocolaire ‘fort mécontentement’ quant à la manière dont ces cérémonies ont été inspirées. Malheureusement, je dois vous faire part d’un sentiment d’horreur, de répulsion, de profanation, d’insulte gravissime que les médaillés militaires ont ressenti en voyant cette horde d’enfants, labourer de leur course les sépultures de nos grands anciens dont la quasi-totalité sont des médaillés militaires.

Une douleur profonde a étreint les membres de notre « société » dont beaucoup d’entre eux ont perdu un grand-père ou un arrière-grand-père au cours de cette effroyable bataille. Les pas de ces enfants foulaient aux pieds les restes de nos grands soldats et, ce faisant, les raisons et principes mêmes auxquelles ils croyaient et qui ont justifiés, à leurs yeux, comme aux nôtres, l’acceptation du sacrifice suprême au service de La Patrie, au service de la France, au service du peuple.

Certes, il n’est pas question pour nous de reporter la faute sur cette jeunesse insouciante, laquelle dans sa grande majorité ne connaît pas son histoire, celle-ci n’étant plus enseignée ou très superficiellement.

                NON, c’est à vous, tous, représentants politiques sans distinctions de parties que la faute incombe ; uniquement à vous, c’est un affront fait à l’encontre de nos valeureux « POILUS ».

Nous sommes des soldats dont la notion de politiquement correcte est totalement étrangère. Seule, les notions d’Amour du pays, de respect des sacrifices consentis, de Patrie, de drapeau pour que vive la Liberté et la France au service du peuple composent notre pain de vie.

Les médaillés militaires ont la réputation d’être des gens calmes, réfléchis et mesurés dans leurs actions et qui n’interviennent que très rarement dans des cas très particuliers. Aujourd’hui, nous considérons, je dis bien ‘considérons’ que vous êtes collectivement responsable de cette débandade grotesque, cette honteuse mascarade qui n’honore ni ceux qui l’ont imaginée ni ceux qui l’ont autorisée, ni ceux qui y ont participé hormis les enfants qui ont exécuté sous encadrement cette inadmissible chorégraphie.

Notre colère est immense, notre ressentiment est incommensurable et pèsera lourd, très lourd sur l’avenir. Souffrez, monsieur le Ministre, que je vous dise ces choses très calmement avec cette franchise qui caractérise les soldats et anciens combattants que nous sommes.

Je sais qu’il n’y aura pas, de la part du gouvernement, un mot d’excuse. Je sais qu’aucun de vos mots ne pourra justifier, à nos yeux, cette ignominie. En revanche, je crains qu’au cours des prochaines cérémonies, lors du traditionnel remerciement des porte-drapeaux, certains ne se manifestent pour exprimer leur mécontentement auprès des représentants de l’Etat .Je ne donnerai aucune consigne sur ce point aux neuf cents structures qui composent notre « société », mais si telle mésaventure arrive à l’un de vos représentants, je resterai silencieux.

J’imagine, monsieur le Ministre, que vraisemblablement vous rendrez compte de mon courrier au ministre de la Défense et au chef de l’État. Qu’ils soient persuadés que ces commémorations resteront une blessure profonde dans le cœur des médaillés militaires.

Cela dit, vous avez bien compris, monsieur le Ministre que ces mots ne s’adressent pas à votre personne, mais aux fonctions que vous assumez.

En vous remerciant d’avoir bien voulu prendre le temps de me lire, veuillez agréer, monsieur le Ministre, l’assurance de ma haute considération.

 Jean-Paul Martin

Président Général